FAQ

Est-ce que la prostitution est illégale?

En France, le fait de se prostituer n'est pas illégal; (à l'exception des mineurs et des personnes dites particulièrement vulnérables en raison d’une maladie, d’une infirmité, d’une déficience physique ou psychique ou d’un état de grossesse). Le proxénétisme est pénalisé et puni par la loi. Le racolage (actif ou passif) en revanche n'est plus un délit depuis le mois d'avril 2016 avec l'application de la loi de Lutte contre le système prostitutionnel. C'est désormais le client de la prostitution qui se voit pénalisé avec une amende pouvant aller jusqu'à 1500€, 3750€ en cas de récidive.

De plus, les bénéfices tirés de la prostitution sont imposables, soit dans le cadre du statut de travailleurs indépendants soit en tant que Bénéfices Non Commerciaux . Si l'activité n'est pas déclarée elle peut faire l'objet d’un redressement fiscal.

En matière de lutte contre le proxénétisme, on peut identifier sommairement trois grands axes :

- Le proxénétisme de contrainte, de profit, défini à l'article 225-5-2 du Code pénal comme «le fait de tirer profit de la prostitution d'autrui, d'en partager les produits ou de recevoir des subsides d'une personne se livrant habituellement à la prostitution».

- Le proxénétisme hôtelier est le fait d'héberger ou de louer un logement à des personnes qui pratiquent leur activité dans celui-ci.

- Le proxénétisme d'aide et de soutien, défini à l'article 225-5-1 du Code pénal comme «le fait d'aider, d'assister ou de protéger la prostitution d'autrui». Ainsi, un-e travailleur.euse du sexe peut être considéré comme «proxénète» si elle prête son appartement à un-e ami-e pour qu'elle puisse y travailler.

La traite aux fins de proxénétisme consiste à recruter, transporter, transférer, héberger ou accueillir une personne, contre rémunération, en vue de permettre la commission de faits de proxénétisme à son encontre.Traite et proxénétisme peuvent être punis de 7 ans de prison et 150 000 euros d’amende, voire plus selon les circonstances.

Pour plus d'information, voir notre page «Prostitution: ce que dit la loi» et le site du STRASS:
http://strass-syndicat.org/vos-droits/vos-droits/.

Est-ce qu'on attrape des maladies quand on suce sans capote?

Quand les personnes nous posent cette question, elles pensent en premier lieu au VIH. Concrètement faire une pipe sans capote comporte un risque de transmission du VIH pour celle ou celui qui suce, soit en recevant du sperme dans la bouche (sans forcément l'avaler) soit en recevant du liquide pré-séminal. Il n'y a pas de risque de transmission du VIH pour celui ou celle qui se fait sucer. Le VIH comme d'autres IST se transmet par les fluides sexuels par le biais de « portes d'entrée » comme les muqueuses, les plaies, etc. Plus les muqueuses sont sensibles, fines ou abîmées plus le risque augmente.

Le risque est variable, et peut s'avérer plus important:

- si la personne qui se fait sucer est en période de primo-infection par le VIH (début de contamination) car pendant cette période la charge virale, ou la quantité de virus circulant, est élevée.

- si la personne qui suce a des problèmes buccaux ( gingivite, angine, candidose, plaie ouverte et récente comme des soins dentaires)

- si la personne qui suce a une Infection Sexuellement Transmissible (IST) qui provoquent des lésions buccales comme la syphilis ou la blennorragie.

Le risque de transmission du VIH par fellation est moins important que les transmissions par pénétration vaginale et anale, mais le risque existe et il peut varier selon plusieurs critères sur lesquels vous n'avez pas forcément de prise. La multiplication de pipes non-protégées, «nature», sans capote, avec des partenaires dont vous ne connaissez pas le statut sérologique (porteur ou non du VIH) que ce soient des clients ou des amant-e-s augmentent le risque de contamination. Le risque zéro n’existe pas et le seul moyen de ne pas s'exposer c'est l'utilisation du préservatif.

Si la fellation sans capote n'est pas identifiée comme la pratique «la plus» risquée en terme de contamination par le VIH, elle est une pratique qui expose à des risques de contamination par d'autres IST comme l’herpès, des chlamydiae, une gonorrhée et l’hépatite B (qui est très contaminante en période de primo-infection). Il peut être compliqué d'identifier précisément quelle pratique est à l'origine d'une contamination, notamment si on a eu plusieurs pratiques à risque dans une période donnée. A titre d'exemple et pour vous permettre de mesurer mieux certains risques de contamination on sait que la recrudescense des cas de syphilis (1) ces dernières années est due à la pratique de fellation non protégée.

Quelques conseils de réduction des risques en cas de pipe «nature».

Ce qui est contaminant ce sont les fluides en contact avec des «portes d'entrée» (les muqueuses, les plaies) donc quand on veut réduire les risques on réduit les contacts, le préservatif fait barrage complet,

- s'il n'y a pas cette barrière il est possible de favoriser le fait de sucer les zones les moins contaminantes comme la verge, les testicules, et non le gland.

- si on suce le gland, on est en contact avec du liquide pré-séminal (présent dès le début de l'érection) c'est un fluide contaminant tout comme le sperme. Il est important de réduire au maximum les « portes d'entrée », c'est à dire les problèmes buccaux, les plaies. Attention certaines IST peuvent provoquer des lésions buccales et grandement favoriser l'entrée de nouvelles IST comme le VIH ou l'Hépatite B.

- si vous sucez sans capotes évitez au maximum l'éjaculation buccale, le contact entre les fluides sexuels, liquide pré-séminal et sperme avec les muqueuses plus fines (évitez les gorges profondes par exemple), évitez enfin d'avaler le sperme, les risques de contamination augmentent dans ce cas là.

Voici quelques dépliants sur la fellation et les IST qui s'adresse aux hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes

 

Faites vous dépister après une prise de risque, la vaccination contre l'Hépatite B peut être un choix intéressant pour vous prémunir en cas de fellation «nature».

Pensez au Traitement Post Exposition (TPE) si vous estimez que le risque est important:
http://www.prends-moi.fr/se-proteger/traitements/tpe-le-traitement-post-exposition

C'est plus risqué de travailler dans la rue que sur internet?

C'est assez fréquent que l'on nous dise que le travail dans la rue est plus dangereux que sur internet. Ce n'est pas le travail en lui même qui est dangereux ou risqué, c'est le contexte social et juridique qui génère des violences et isole les travailleuses et travailleurs du sexe!

En effet, les lois criminalisent le travail du sexe et celles et ceux qui l'exercent. Au niveau de la loi donc, les risques encourus ne diffèrent pas. Cependant, elles n'ont pas les mêmes impacts. Par exemple, la présence policière est quotidienne pour les TDS travaillant dans la rue. Ce qui n'est pas le cas pour les TDS du net qui vivent peu le harcèlement policier. Certaines mesures concernent seulement les TDS de rue comme les arrêtés municipaux anti prostitution, l’interdisant dans certains quartier de certaines villes. La prostitution de rue étant plus visible, elle a tendance à être plus réprimée.

Que les TDS bossent sur le net ou dans la rue elles et ils sont stigmatisées, ce qui entraîne souvent des situations d'isolement car c'est compliqué de parler de son activité à son entourage (ami-e-s, famille, etc.). Dans la rue, on est visible, on connaît ses collègues de travail, on peut parler de l’activité, s'échanger des informations et discuter simplement. Les personnes qui travaillent sur le Net sont souvent plus isolées les unes des autres. Elles sont aussi plus isolées des associations de terrain susceptibles de les soutenir en cas de situations difficiles.

De plus en plus d'associations comme Grisélidis sont présentes sur le Net: le STRASS, ProstBoyz et IPPO par exemple.

Il s'agit donc de deux manières de travailler, elles ont chacune leurs avantages et leurs inconvénients, et elles entraînent des stratégies différentes dans la manière d'envisager sa sécurité au travail. Vous trouverez sur ce site des informations et des brochures d'autodéfense pour les travailleuses et travailleurs du sexe qui correspondent à votre manière d'exercer la prostitution dans la rubrique Violences/Autodéfense.

Est-ce que vous prenez des bénévoles et des stagiaires?

Nous ne prenons pas de bénévoles pour nos actions de terrain (tournées de prévention, accueil collectif, suivi individuel, etc.) en dehors des membres de notre Conseil d'Administration. En revanche nous faisons appel aux bonnes volontés pour des actions ponctuelles comme le Sidaction, la Journée Mondiale de Lutte contre le Sida, les manifestations, etc.

Si vous êtes intéressé.e.s, vous pouvez nous contacter via notre Facebook ou à l'adresse mail association [at] griselidis [dot] com. Nous pouvons aussi inclure votre mail dans notre mailing-liste d’événements publics.

Nous prenons des stagiaires en travail social et en études universitaires dans la limite de notre capacité d'accueil, nous privilégions les stages de longue durée. Avant de nous contacter, pensez à consulter les différentes pages de notre site internet ainsi que nos rapports d'activité : cela vous permettra d'avoir une meilleure idée de nos activités, nos positionnements éthiques et notre mode de fonctionnement ; ainsi, vous pourrez vous assurer qu'un stage à Grisélidis serait compatible avec votre projet personnel. Vous pouvez par la suite nous faire une demande en envoyant un CV et une lettre de motivation à l'adresse : recrutements [at] griselidis [dot] com Si vous êtes étudiant-e en sciences humaines, n'hésitez pas à préciser les thématiques et sujets sur lesquels il vous intéressait de travailler.

Nous ne mettons pas en contact des chercheurs/chercheuses ou des journalistes avec des travailleuses et travailleurs du sexe.

Est-ce qu'à Grisélidis vous êtes pour ou contre la prostitution?

Traditionnellement, nous distinguons trois régimes juridiques encadrant la prostitution:

Le prohibitionnisme consiste à interdire la prostitution. La vente et l'achat de services sexuels sont punis par la loi, l'ensemble des acteur-ices impliqué-es; travailleur-euses du sexe, clients, intermédiaires ; sont considéré-es comme des délinquant-es et passibles de poursuites.

Le réglementarisme vise à encadrer la prostitution: si celle-ci est autorisée, elle est néanmoins considérée comme une activité à risques; à la fois du point de vue des mœurs et de l'hygiène; que l'Etat à la responsabilité de les contrôler: les travailleur-euses du sexe sont enregistré-es sur des fichiers, soumis-es à des examens médicaux réguliers, et l'exercice de leur activité est circonscrite à certains lieux déterminés.

L'abolitionnisme, doctrine issue du mouvement féministe anglais du XIXème siècle, a pour but l'abolition de la réglementation auxquelles sont soumises les prostituées, ainsi que la lutte contre les abus et discriminations que celles-ci subissent. Dans ce régime, la prostitution est considérée comme une violence en soi, et celles qui l'exercent comme des victimes qu'il faut protéger et réinsérer, y compris en ayant recours à la répression.

Contrairement à une idée très répandue, les associations de travailleur-euses du sexe, de santé communautaire et leurs allié-es ne réclament pas une politique «réglementariste». Elles défendent une quatrième voie qui reposerait sur l'accès aux droits communs pour tous-tes: droit au séjour pour les migrant-es, droit au changement d'état civil pour les personnes trans, droit au travail pour l'ensemble des travailleur-euses du sexe, etc. Selon elles, l'accès aux -et le respect des- droits est le meilleur moyen de lutter contre les discriminations, les violences, et l'exploitation tout en favorisant l'autonomie des personnes.

Dans la pratique, nous accompagnons les personnes prostituées, que celles-ci souhaitent ou non arrêter la prostitution. Nous respectons leur choix de vie, un suivi à Grisélidis n'est pas conditionné par l'arrêt de la prostitution. Notre travail à pour but de renforcer les capacités et l'autonomie, la sécurité des TDS dans l'exercice de leur activité aussi bien que de les accompagner vers une autre activité, en fonction de leurs demandes.

(1) Pour plus d'information vous pouvez consulter cet article.
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