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Hépatites
Attention
Le fait d'être travailleuse ou travailleur du sexe, consommatrice ou consommateur de drogues ne sont pas en eux-mêmes des risques! Il s'agit de bien connaître les risques associés aux pratiques que l'on a et de s'en prémunir le mieux possible.
Hépatite qu'est-ce que c'est?
L'hépatite est une inflammation du foie. Le foie (ou glande hépatique) est un organe qui assure plusieurs fonctions vitales dont:
- l'épuration (fonction filtrante du sang, il transforme et élimine l'alcool, les médicaments et autres produits chimiques ou toxiques)
- le stockage et la régulation (des graisses et des sucres notamment)
- la synthèse du cholestérol et la production de la bile
Il s'agit d'une maladie qui s'attaque aux cellules du foie, soit en les abîmant (lésions) soit en les détruisant. Les hépatites peuvent être causées par un virus (hépatites virales) ou par une usure du foie dûe à une consommation de toxiques comme l'alcool, les médicaments et autres produits chimiques. Nous nous intéresserons ici aux hépatites virales et plus particulièrement à la B et à la C.
Les hépatites virales:
On repère différentes formes d'hépatites: aiguë, chronique et fulminante (plus rare).
L'hépatite dite aiguë est la première phase de la maladie après atteinte du foie (quelques semaines). L'hépatite peut guérir à ce stade si le corps réussit à éliminer le virus. Plusieurs facteurs influent comme l'état du système immunitaire (affaibli par une autre maladie et/ou la prise de substances toxiques pour le foie) et le type de l'hépatite: selon si c'est une hépatite A, B ou C, les taux de guérison en phase aiguë sont variables. On dit d'une hépatite qu'elle est chronique après 6 mois d'infection quand le virus s'installe et détruit les cellules du foie. Il rentre dans les cellules du foie, pirate l'ADN de la cellule et se réplique, se multiplie. Cette hépatite chronique va entraîner une lente détérioration du foie, et peut à terme conduire à une cirrhose, une insuffisance hépatique ou même à un cancer.
Dans 1 % des cas, l'hépatite aiguë peut être fulminante et représente une urgence vitale.
Comment prévenir les risques de transmission?
On devient contagieux dès la phase aiguë de la maladie, c'est même le moment où on est le plus contagieux, notamment en ce qui concerne l'hépatite B. L'hépatite B se transmet par les fluides sexuels et sanguins. Dans certains cas, plutôt rares en raison du concours de circonstances qu'ils supposent, elle peut se transmettre par la salive. Attention, inutile de proscrire complètement le «roulage de pelles» de ses pratiques, ce mode de transmission suppose que le virus soit dans sa phase la plus aiguë (début de l'infection) et que les baisers soient très longs et très profonds. Par contre il est très important pour prévenir les risques de transmission des hépatites B et C de:
Utiliser une protection lors des rapports sexuels: préservatifs externes et internes, digues dentaires, gants en latex (notamment lorsqu'il y a risque de saignement pendant le rapport : règles, lésions anales ou vaginales).
Utiliser le matériel de réduction des risques et ne pas le partager lors de la consommation de drogues : roule-ta-paille (sniff), kit crack, seringues et matériels de préparation pour les injections (cuillères, coton, etc.)
Utiliser du matériel stérile pour les tatouages et les piercings.
Ne pas partager les objets de toilette comme les rasoirs, les brosses à dents, les coupe-ongles, les piercings, les boucles d'oreilles, etc.
Voir le tableau des risques de transmissions ci-dessous :
*Une personne ne peut être contaminée par le virus de l’hépatite Delta (D) que si elle est déjà porteuse du virus de l’hépatite B.
(1) si contact avec les selles.
(2) au début de l’infection.
(3) si contact avec le sang.
(4) mais protection avec le vaccin contre le virus de l’hépatite B.
Pourquoi est-il important de se faire dépister ?
Les symptômes des hépatites virales B et C apparaissent dans la phase aiguë de la maladie. Ils sont difficilement identifiables étant donné qu'ils ne sont pas spécifiques à ce virus : douleurs articulaires et musculaires, état de fatigue, état dépressif, etc. Dans sa phase chronique, l'hépatite C est asymptomatique.
On estime à 500 000 le nombre de personnes en France qui sont porteuses de l'hépatite B ou C. C'est souvent lors des complications liées aux virus (cirrhose notamment) que les personnes apprennent qu'elles en sont porteuses. Il est important de se faire dépister pour bénéficier d'un suivi médical adapté et de traitements appropriés. Le fait de savoir si l'on est porteur/porteuse d'une IST permet aussi de limiter les risques de contamination de ses partenaires.
Relativement aux risques de prévalence des hépatites B et C, voici un questionnaire très rapide pour évaluer le besoin de se faire dépister:
1. j'ai eu des rapports sexuels non protégés avec des personnes dont je ne connais pas le statut sérologique (fellation sans capote, pénétration vaginale ou anale, fist-fucking, etc.).
2. j’ai été transfusé ou j'ai eu une chirurgie lourde avant 1992.
3. j’ai essayé des drogues même il y a longtemps soit par sniff, soit par injection et j'ai partagé mon matériel (paille, seringue).
4. j’ai partagé du petit matériel d’injection (coton, filtre, cuillère).
5. ma mère est porteuse du virus de l’hépatite B ou C.
6. mon (ou ma) partenaire est porteur/porteuse du virus de l’hépatite B ou C.
7. une personne avec qui je vis est porteuse du virus de l’hépatite B ou C.
8. j’ai eu des examens médicaux transcutanés ou recours à l’acupuncture, avec du matériel propre mais pas à usage unique.
9. je me suis fait faire un piercing ou un tatouage hors salon.
10. j’ai été incarcéré-e à un moment de ma vie.
11. j’ai pratiqué un sport de combat ou de contact.
12. je suis né-e ou j'ai été soigné-e dans une région du monde particulièrement touchée par les hépatites : Afrique, Asie, Amérique Centrale et du Sud, Europe de l'Est.
Une seule bonne réponse positive représente un risque potentiel d'infection.
FAITES-VOUS DÉPISTER!
Pour plus d'infos, rendez-vous sur le site de SOS Hépatites : www.soshepatites.org
Pour un dépistage anonyme et gratuit vous pouvez vous rendre dans le CeGIDD le plus proche de chez vous : http://www.sida-info-service.org/?-DEPISTAGE-VIH-sida-
Vous pouvez aussi vous faire prescrire les tests par un médecin généraliste et les effectuer en laboratoire. Le test de l'hépatite C est pris en charge à 100 % par la sécurité sociale, celui de l'hépatite B seulement à 65 %.
Attention! Pour que le résultat soit fiable un délai d'au moins 3 mois après une prise de risque est nécessaire.
Se faire vacciner?
En 1994, face à l'importance de l'épidémie, une grande campagne de vaccination est lancée. Elle est avant tout mise en place pour favoriser la vaccination des nourrissons, des enfants et des adolescents ; mais, devant son ampleur, un grand nombre de personnes, notamment des adultes, vont se faire vacciner bien qu'elles ne fassent pas partie des populations ciblées. Peu de temps après, des cas de scléroses en plaques surviennent chez des individu-e-s ayant bénéficié du vaccin. Des études vont alors être menées, en France et à l'étranger, pour déterminer si le vaccin est susceptible d'augmenter le risque de développer cette maladie.
Ainsi en 2004, une étude tend à montrer une augmentation des risques de sclérose en plaques chez les personnes vaccinées contre l'hépatite B. (1) La même année, dans un communiqué, les associations Act Up-Paris, Aides, Arcat, et Sida-Info-Service/Hépatites-Info-Service se prononcent en faveur du vaccin. Soulignant les limites de l'étude, elles mettent en avant l'efficacité du vaccin face à une maladie « grave et répandue » qui peut entraîner des complications dramatiques pour la santé. Elles se déclarent donc « convaincues que le rapport bénéfices/risques est très favorable à la vaccination.» (2)
Il faut dire que le vaccin est très efficace, face à un virus largement répandu qui se transmet facilement, et peut avoir des conséquences graves, notamment pour les personnes atteintes du VIH. Les personnes séropositives présentent en effet un risque plus grand d'être infectées par les hépatites, en raison de facteurs de transmission communs à ces différents virus. Les hépatites virales sont d'ailleurs la principale source de complications chez les personnes séropositives. Le VIH multiplie par cinq le risque de développer une hépatite chronique chez les personnes porteuses du VHB, et il aggrave les effets du VHB sur le foie. Ainsi, on estime à 7% le taux de personnes séropositives atteintes d'une infection chronique à l'hépatite B. C'est pourquoi le vaccin est recommandé pour les personnes séropositives, notamment par les associations de lutte contre le Sida.
Dans quels cas est-il recommandé de se faire vacciner ?
Il est aussi conseillé de vous faire vacciner si :
1. vous avez de nombreux/ses partenaires sexuels et/ou des rapports non-protégés. Quand on dit rapports non-protégés on inclut les pratiques bucco-génitales (y a pas que le coït dans la vie !) comme par exemple les fellations (aussi appelées plus vulgairement « pipe ») et le cunnilingus (ou « broute minou »)
2. vous consommez des drogues par injection, sniff ou inhalation, et vous n'avez pas toujours accès à du matériel à usage unique
3. vous êtes incarcéré-e (toujours pas de matériels de réduction des risques en prison...)
4. vous avez souvent besoin de dialyses, de transfusions ou de produits sanguins
5. vous partagez le foyer d'un-e individu-e porteuse de l'hépatite B.
6. vous voyagez dans ou venez de pays où le virus est très présent.
Le vaccin peut en revanche être déconseillé si vous êtes allergique à l'un de ses composants.
Vous pouvez discuter avec votre médecin pour savoir s'il est intéressant ou non de vous faire vacciner. Cependant pour que les conseils de votre médecin soit les plus appropriés, il faut qu'il/elle ait des informations suffisantes sur vos pratiques et qu'il/elle ne porte pas de jugements à l'emporte-pièce. Autrement dit, s'il est difficile de parler sincèrement de sexualités (tarifées ou non) et d'autres potentielles prises de risques avec votre médecin, les conseils ne seront pas pertinents. Vous pouvez venir à l'association en parler avec notre infirmière ou prendre un rendez-vous téléphonique si vous habitez loin : 05.61.62.98.61.
Il est possible de se faire vacciner gratuitement dans n'importe quel centre de vaccination. Renseignez-vous auprès de votre Mairie ou du CeGIDD le plus proche de chez vous.
A Toulouse il existe un Dispositif Départemental de Vaccination à l'Hopital Joseph Ducoing, vous pouvez les joindre directement au 05 61 77 50 30.
Même si vous vous faites vacciner contre l'Hépatite B, ce vaccin ne vous protégera ni du VIH ni de l'Hépatite C. Nous vous rappelons les mesures de base nécessaite de réduction des risques :
- Utiliser une protection lors des rapports sexuels (préservatifs externes et internes, digues dentaires...)
- Utiliser le matériel de réduction des risques lors de la consommation de drogues (roule-ta-paille, kit crack, seringues à usage unique, etc.)
- Utiliser du matériel stérile pour les tatouages et les piercings
- Ne pas partager les objets de toilette (rasoirs, coupe-ongles, brosse à dents, et piercings, boucle d'oreilles...)
http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs204/fr/
Quelques données épidémiologiques :
L'hépatite B dans le monde :
- 1/3 de la population mondiale est ou a été infecté soit 2 milliards de personnes
- environ 5 % de la population mondiale souffre d'une infection chronique (350 millions de personnes)
- le niveau de prévalence en fonction de la situation géographique varie fortement: Télécharger le PDF
L'hépatite C dans le monde: Télécharger le PDF
Les inégalités économiques (et leurs conséquences sur les populations en terme d'accès à la santé) entre le Nord et le Sud expliquent en grande partie les disparités de prévalence aux VHB et VHC.
En France métropolitaine, environ 280 000 personnes adultes sont infectées de façon chronique par le virus de l’hépatite B et autour de 230 000 par celui de l’hépatite C.
Concernant l'hépatite B, les hommes sont en moyenne plus atteints que les femmes (1,19 % des hommes ; 0,16 % des femmes sur le territoire national). Les populations avec un fort taux de prévalence en France sont les usagerEs de drogues par voie intraveineuse, les hommes hétérosexuels ayant des pratiques avec de multiples partenaires, les hommes homosexuels ayant des pratiques avec de multiples partenaires, le personnel de santé. La précarité rentre aussi en ligne de compte puisque la prévalence au VHB est 4 fois plus importante chez les bénéficiaires de la CMU complémentaire et 3 fois plus en ce qui concerne le VHC.
Le VHC on peut en guérir! Ci-dessous 2 témoignages de guérison suite à la prise d'un traitement.
Pour d'infos sur les traitements rendez-vous sur ce lien:
http://www.soshepatites.org/info-hepatites/le-traitement/