Journée mondiale de lutte contre le VIH/SIDA - Une épidémie ne doit pas en cacher une autre

Communiqué de presse du collectif Toulouse Action Sida

Comment introduire cette Journée Mondiale de Lutte contre le VIH/sida 2020 sans parler du coronavirus ? Impossible…

Comme le clament les assos de terrain depuis le début de la crise covid, les mesures de confinement sont révélatrices de très fortes inégalités. Encore et toujours, les personnes vivant avec le VIH et les personnes les plus exposées — les femmes, les personnes trans’, les gays, les lesbiennes, et toutes les orientations sexuelles et identités de genre minorisées, les travailleur·euse·s du sexe, les étranger·e·s, les usager·e·s de drogues, les personnes en situation de handicap, les personnes détenues, vivant à la rue ou en squat, précaires, pauvres — sont laissé·e·s pour compte par l’État.

 

Au quotidien, nos associations sont de plus en plus souvent témoins des situations dramatiques vécues par nombre de personnes que nous accompagnons, contraint·e·s de faire face à une précarisation grandissante, dans l’impossibilité de travailler dans des conditions décentes et sûres. La réduction ou l’arrêt temporaire des permanences des assos communautaires et des services sanitaires et sociaux, la fermeture prolongée des lieux de convivialité, et les obligations de confinement réduisent trop souvent nos communautés à l’isolement, parfois jusqu’à perdre quasi tout lien social – pourtant indispensable à l’équilibre et à la santé mentale de chacun·e !

 

Malheureusement, les failles de notre système de santé, aujourd’hui révélées par l’ampleur de la crise sanitaire et les difficultés à la gérer, ne sont que les conséquences directes des politiques de casse orchestrées ces dernières années par nos gouvernements successifs. Les seules solutions proposées aujourd’hui par l’État pour éradiquer ce virus, reposant exclusivement sur des mesures liberticides et une politique répressive, n’en sont malheureusement que la continuité.

 

Comment pourrions-nous tolérer en France, où les données épidémiologiques sont pourtant encore loin d’atteindre les objectifs initialement fixés par l’ONUSIDA pour 2020, qu’une ville comme Toulouse, 4e ville de France, n’ait à la disposition de sa population qu’un seul CeGIDD (Centre Gratuit d’information, de Dépistage et de Diagnostic des infections par le VIH, les hépatites virales et les IST) ? Évidemment, leurs moyens sont largement insuffisants pour répondre aux demandes de dépistages ou d'initiation d’un traitement préventif contre le VIH (PrEP), et c’est forcément encore pire dans la situation actuelle !

Maintes fois dénoncée, cette situation a trop duré, c’est tout simplement scandaleux !

 

L’épidémie de covid-19 est clairement un facteur d’aggravation de l’épidémie de VIH/sida.

Nous constatons amèrement que l’arrivée du covid-19 a relégué la démocratie sanitaire aux oubliettes et la lutte contre le VIH/sida au second plan dans les priorités de santé publique. Nous déplorons notamment la ré-attribution, en France comme à l’international, de certains fonds initialement destinés à la lutte contre le VIH/sida au profit de la lutte contre le covid-19 !

L’annonce récente par la SFLS (Société Française de Lutte contre le Sida) d’une diminution de moitié des dépistages réalisés et d’une baisse de 36% des délivrances de PrEP sont plus qu’alarmants, et nous font craindre une possible reprise de l’épidémie de VIH/sida.

 

Aujourd’hui, nous avons les moyens de mettre fin à l'épidémie de VIH/sida, mais nous ne le faisons toujours pas. 

 

RDV le lundi 30 novembre à 15h, pour une visio-conférence de presse, accessible via ce lien

 

Le collectif Toulouse Action Sida exige : 

 

Le renforcement des systèmes de santé, via l’arrêt de la casse de la sécurité sociale et de l’hôpital public, et plus de moyens financiers alloués à ce secteur,

Que la lutte contre le VIH/sida redevienne une priorité de santé publique à part entière,

Le renforcement des mesures liées à la lutte contre le VIH/sida, en particulier concernant l’offre de dépistage et l’accès à la PrEP (et ce, même en temps de covid),

Une prise en compte réelle des conséquences indirectes de la crise : précarité, isolement, éloignement du système de santé (souvent par impossibilité d’y avoir accès), santé mentale, et plus de moyens pour le développement des politiques de réduction des risques,

Des mesures concrètes pour la prise en charge des personnes les plus vulnérables en temps de crise, 

Droit au séjour, à la santé et aux droits sociaux pour toutes les personnes vivant avec le VIH et toutes les personnes très exposées, sans condition,

Plus de moyens pour les associations de santé communautaires,

La fin des politiques abolitionnistes, avec l'abrogation de la loi de pénalisation des clients d'avril 2016 et l’annulation des arrêtés municipaux anti-prostitution en vigueur à Toulouse,

L’arrêt des politiques de répression envers les usager·e·s de drogues (ordonnance de 70),

Des solutions pour le maintien de nos actions les plus importantes envers nos publics en cas de durcissement des mesures sanitaires.

 

 

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Toulouse Action Sida est un collectif inter-associatif, regroupant : Act Up Sud-Ouest - Enipse - Grisélidis - Jules et Julies.
 

Signataires : La Case de Santé, Médecins du Monde, Le Planning Familial 31

 

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